Gravure sur acier, concours MOF 1997/2000

de Nicolas Salagnac – Mof 2000 en gravure sur acier.

Sujet imposée : d’après le dessin d’Elisabeth Vigée-Lebrun, « visage de jeune fille », réalisation en poinçon ou en matrice de ce visage en taille directe sur acier pour l’édition d’une médaille.

Etude préparatoire à la taille directe

Avant d’aborder le travail de gravure, il m’a semblé intéressant d’envisager plusieurs modes de réalisation. Je ne voulais pas obligatoirement partir sur des rails connus, me limiter à mes connaissances et mes méthodes habituelles. J’avais une idée assez claire du rendu final que je souhaitais obtenir et j’avais plusieurs possibilités d’y parvenir.
Aussi, j’ai voulu confronter mes idées sur le sujet avec d’autres graveurs, sculpteurs, dessinateurs, et entendre leurs remarques et conseils. Cela m’a permis d’envisager des voies nouvelles et de me conforter dans mes choix

La gravure en taille directe

Fort des étapes précédentes, je me lance dans le vif du sujet : “La taille directe”. La phase du tracé sur l’acier s’est déroulée de manière classique :
– Report du dessin sur une gélatine à l’échelle 1
– Gravure légère à l’onglette fine. A commencé alors le début d’un long travail.
– Mise en place des grands volumes taillés aux burins. Poursuite du travail de taille directe, long et fastidieux afin d’accorder les différents volumes entre eux. Tout au long de ce travail, j’ai relevé avec une résine, différents états me permettant de fixer l’avancée du travail.
– Réalisation d’un poinçon du nez et de la bouche.
– Finition de la gravure par différents états de surface pour exprimer les matières (voile, visage, cheveux,etc.), ceci par polissage, ciselure…
– Traitements thermiques
– Estampage : La frappe des médailles s’est faite sur un balancier à frictions de 400 tonnes. Nous avons utilisé du cuivre et du bronze “demi-rouge”. Il y a eu plusieurs passes, et entre chaque passe, un recuit, un déroché, un polissage et un dégraissage.
– Finition : La pièce en cuivre est restée “brut de frappe”, alors que la pièce en bronze a été microbillée, dorée, oxydée et patinée.

Piece MOF Nicolas salagnac

Réflexions

Ce sujet, pourtant difficile, m’a motivé par sa richesse tout au long de sa réalisation. J’ai tout de suite été séduit par le dessin d’Elisabeth Vigée-Lebrun, artiste que j’ai découvert à cette occasion. Le fait de traduire son dessin de visage de jeune fille, léger, subtile, doux en modelé était pour moi un beau défi à relever.
Ce qui était également motivant, c’était de travailler “à l’ancienne” et de retrouver la sensation de faire plus corps avec la matière travaillée.
Cela a été aussi pour moi un prétexte pour aller à la rencontre d’anciens graveurs, plus familiers avec la gravure en taille directe et ainsi pallier à une carence qui m’attristait dans ce métier : la rupture de la chaîne de transmission du savoir-faire…

Je remercie beaucoup Monsieur Bernard Turland, maître graveur retraité de la Monnaie de Paris, avec qui j’ai énormément appris et Monsieur Claude Cardot MOF, graveur sur acier.

En savoir plus : http://www.nicolas-salagnac.com/blog/index.php/2006/09/05/94-sujet-imposee-taille-directe-d-apres-un-dessin-d-elisabeth-vigee-lebrun

Sujet libre : Création d’une médaille sur le thème « d’un des Travaux d’Hercule »

Afin de créer la médaille d’un des travaux d’Hercule, j’ai cherché à savoir dans un premier temps, comment différents artistes avaient traité par le dessin, la gravure ou la sculpture, le personnage d’Hercule, les lions, ou Hercule combattant le lion de Némée. Dans un deuxième temps, j’ai fait des recherches plus personnelles en mettant en scène des judokas pour trouver des postures de combats alliant la force, le mouvement, sur la base de l’étranglement.

Pièce MOF Nicolas Salagnac

Recherches sur la composition de la médaille :

La force et la puissance ont été l’axe central de mes recherches. J’ai étudié longtemps des compositions qui mettent le plus possible en valeur cette idée force.
Pour cela, j’ai essentiellement travaillé par calque. Ce support me permettait d’enchevêtrer différentes attitudes. Ensuite, j’ai numérisé ces croquis sur informatique.Je les ai retouchés, modifiés et transformés à plusieurs reprises.

Réalisation de la médaille

– Sculpture : Après toutes ces étapes (recherches diverses, croquis…), j’ai transposé mon dessin finalisé en volume à l’échelle 3. De là, j’ai tiré une empreinte en plâtre pour effectuer des corrections, des ajouts de matière… Tout au long de cette réalisation, j’ai cherché à m’entourer d’autres compétences (sculpteurs, dessinateurs, graveurs, etc.) pour enrichir mon propre point de vue.
– Réduction de la médaille au pantographe.
– Finition main en gravure : Avec la finition main, j’ai apporté les dernières modifications à la médaille. Entre autres, j’ai marqué une horizontale afin de clarifier le “sens de lecture” du motif. J’ai également travaillé les matières (pelage du lion, sol, fond…) et supprimé toute trace parasite d’usinage.
– Estampage : La frappe des médailles s’est faite sur un balancier à frictions de 400 tonnes. Nous avons utilisé du cuivre et du bronze “demi-rouge”. Il y a eu plusieurs passes, et entre chaque passe, un recuit, un déroché, un polissage et un dégraissage.
– Finition : Les médailles d’Hercule ont été mises à la côte par tournage. La pièce en cuivre est restée “brut de frappe”, alors que la pièce en bronze a été microbillée, dorée, oxydée et patinée.

Pièce MOF Nicolas Salagnac

Réflexions et conclusion

Il m’a été difficile d’entrer dans ce sujet parce que j’étais déjà depuis longtemps sur la gravure du visage de jeune fille. Il a fallu m’en détacher momentanément pour parvenir à me concentrer sur la médaille d’Hercule.
C’était un travail de création intéressant, motivant. J’ai aimé me plonger dans le monde des nouvelles technologies en gravure, voir et tester les intérêts et limites de chacune d’elles.
Après réflexion et étude de ces nouvelles voies, j’ai préféré revenir vers les méthodes traditionnelles, peut-être moins rapides, mais qui permettent de garder une proximité avec le travail en cours et une meilleure qualité d’usinage.
De plus, le travail de création m’a permis de tisser des liens avec des artisans d’horizons diverses. Ces contacts “inter-métiers” ont été très enrichissants car chacun a pu apporter des éléments qui m’ont guidé jusqu’à la finalisation de ce projet. A la fois, il y avait des liens entre nous, mais avec des points de vue différents.
En conclusion, ces deux sujets m’ont particulièrement passionné. De par leur richesse et leur complexité, chaque avancée révélait de nouvelles subtilités.
C’est pourquoi il m’a été difficile de mettre fin à ce travail.
Dans la réalisation d’une gravure, on a le sentiment que l’on pourrait toujours aller plus loin… Mais décider la fin d’une réalisation, c’est à la fois frustrant mais régénérant…

En savoir plus : http://www.nicolas-salagnac.com/blog/index.php/2006/09/06/95-sujet-libre-hercule-terrassant-le-lion-de-nemee »
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