La section des Meilleurs Ouvriers de France créée par Paul Pignat

Le Progrès – 29 Août 2011 – Florence Fabre

Créé en 1924 à Paris, le concours des MOF a été institué au sortir de la première guerre mondiale, afin d’apporter une réponse aux problématiques liées à la disparition de certains métiers et de leur savoir-faire. C’était aussi une manière de valorisation l’artisanat français, déjà peu mis en exergue à cette époque.

La naissance en 1929, de la « société nationale » marque un tournant important dans la volonté de ces meilleurs ouvriers de se structurer. Mais pendant de longues années le foyer de toutes les activités et l’émulation qui s’en suivit ne fut que toute parisienne. « Quand on vivait en province, les lauréats retombaient vite dans l’oubli » explique Pierre Pignat, fils de Paul, l’homme qui va tout bouleverser. Des réunions informelles entre MOF du même département se tenaient, mais sans statut officiel, elles n’avaient aucune finalité. C’est dans ce contexte que Paul Pignat devint lauréat (1936) en verrerie industrielle. Fort de ce constat, tenace et fédérateur, il a su faire entendre sa voix auprès des instances parisiennes tant et si bien qu’en 1951, la section Rhône a vu le jour. Il en devint, l’année suivante son président… En 2001, lors de la célébration des 50 ans de cette section, le 18/20 rue Belfort est très officiellement devenu l’espace Paul Pignat : élus et public présents lors de la cérémonie n’ont pas oublié le vibrant hommage que Pierre Pignat a rendu à son père.

Bernard Chambon, farouche gardien du patrimoine des MOF

Bernard_Chambon_MOF_ProgresBernard Chambon, MOF graveur sur cuivre en 2000, assure un travail de conservation des pièces exposées à l’espace Paul Pignat depuis deux ans. Sa tâche nécessite quelques explications…
Que faites-vous ici ?
Je m’emploie à étudier et inventorier chaque pièce que nous possédons. Je les fais aussi restaurer si nécessaire. Un long travail indispensable pour pouvoir les présenter au public ou les prêter lors d’expositions temporaires, car nous possédons près de 70 chefs-d’œuvre.
Des chefs-d’œuvre ?
Oui, ce sont les pièces imposées, créées lors de nos concours et que chaque postulant doit soumettre à un jury. Dans ce difficile exercice, il doit exprimer toute la dimension de son savoir-faire technique, artistique…Certains ont nécessité près de 3000 heures de travail ! Nous conservons aussi les photographies des chefs-d’œuvre des métiers dits de l’éphémère comme les pâtissiers… Nous exposons à la fois des pièces intemporelles, élaborées dans le respect des savoir-faire ancestraux et celles demandant la maîtrise d’une haute technologie.
Que voulez-vous faire de cet espace ?
Un lieu de sauvegarde, de mémoire et de mise en valeur de notre patrimoine, que nous désirons ouvrir le plus possible au grand public, afin d’en montrer la richesse et la diversité. Certains métiers d’art, devenus rares, ne doivent pas sombrer dans l’oubli. Nous devons en être les garants.