La réparation des couvertures sur l’aile sud du château s’accompagne d’importants travaux de restauration, offrant aux visiteurs l’image flamboyante du Versailles de Louis XIV.
Au temps de Louis XIV, tous les éléments d’ornementation en plomb.b de ta toiture étaient dorés à l’or fin.
Il s’agit, à l’occasion de travaux visant à enrayer les problèmes d’étanchéité des couvertures, de restituer l’état et la splendeur du palais du temps de Louis XIV Cela nécessite certaines interventions sur des parties dont l’architecture a été transformée et appauvrie au fil des siècles, et ne correspond plus à ce qu’elle était sous l’Ancien Régime», explique Raluca Butnariu, architecte du patrimoine et chef de projet au cabinet de Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques. Dans cette partie centrale du château articulée autour du pavillon de chasse de Louis XIII, où les combles ont été réunis par Jules Hardouin-Mansart à partir de 1680-1685, la charpente a en effet été modifiée en plusieurs endroits entre 1723 et 1789.
Dans la partie sud du corps central, en travaux actuellement, c’est non seulement la charpente qui a été transformée, mais la structure du bâtiment. Notamment au-dessus du «passage de bois sud», où une tourelle de liaison entre l’escalier de stuc et l’aile du midi a été construite au milieu du XIX siècle, puis démolie, laissant une toiture à brisis-terrasson caractéristique des combles à la Mansart, mais qui a perdu tant le décor original en plomb sculpté et doré du membron que la configuration d’origine des lucarnes.
RAFFINEMENT ET PRÉCAUTIONS
Sous le vaste velum clair qui dissimule l’échafaudage et le chantier aux yeux des visiteurs, l’équipe de l’entreprise lyonnaise Le Ny, revenue en février 2009 à Versailles après avoir réalisé une première tranche de travaux en 20072008, ne relâchait pas ses efforts cet automne car le chantier doit être livré à la fin de l’année. Menant leur ouvrage comme autant d’ateliers sur une surface avoisinant les
4 000 m2, où interviennent aussi les charpentiers, les peintres et les doreurs, les six compagnons couvreurs déploient toutes les finesses de leur savoir-faire «monument historique» : travail du plomb pour la couverture à ressauts de la totalité des terrassons, pour l’habillage des lucarnes et pour les ornementations; travail de l’ardoise sur les brisis, avec de savantes découpes qui font tout le raffinement des jouées de lucarnes et des angles des arêtiers. Une fois en place, la couverture en plomb des terrassons rappelle la couverture en zinc dite à tasseaux des immeubles parisiens. La comparaison s’arrête là, car la mise en œuvre est très différente. Épais de 3 mm, le plomb de la couverture doit être chauffé au chalumeau et vigoureusement martelé au maillet avec des battes en buis ou en téflon pour être mis en forme. C’est aussi un matériau que l’on ne manipule pas sans précautions. «Pour prévenir l’intoxication par le plomb, les couvreurs se lavent les mains et changent de tenue à l’heure de la pause, et tous font l’objet d’un contrôle régulier de la plombémie», indique Thomas Joseph, 28 ans, le conducteur de travaux de l’entreprise Le Ny. Sur cette opération exceptionnelle, la sécurité est omniprésente pour les intervenants comme vis-à-vis du public (rien ne doit pouvoir tomber de la zone de travaux) et de l’ouvrage. Le risque d’incendie, le plus redouté en raison de l’utilisation des chalumeaux (soudure des pattes de fixation, réchauffement du plomb) à proximité du voligeage de chêne, explique la présence permanente d’une équipe de pompiers et dicte des mesures draconiennes. Alors que la journée de travail se poursuit jusqu’à 19 h, tous les appareils à flamme doivent être éteints dès 16 h 30 et le chantier est inspecté à la caméra thermique afin de détecter tout éventuel point chaud résiduel.
Pour en savoir plus : UNCP-FFB (Union nationale des chambres syndicales de couverture et de plomberie de France), vsaw.uncp.ffbatimenl.fr
Décembre 2009 – Revue BÂTIMÉTIERS